Uzès et sa garrigue ont depuis toujours été un haut lieu de l’industrie textile. De la fabrication de bas au Moyen-Age jusqu’à l’apogée de l’élevage de vers à soie vers 1830, le territoire est une référence dans ce domaine. Découvrez la soie au fil du textile et des secrets de fabrication du territoire.
La sériculture à Uzès
La sériculture est le nom donné à l’ensemble des opérations liées à l’industrie de la soie. Cela comprend la culture du mûrier, l’élevage du ver à soie pour former le cocon, le dévidage de celui-ci et la filature de la soie. L’élevage du ver à soie se pratique dans des magnaneries.
Aux origines de la sériculture, l’empire de Chine avait le secret et le monopole de la fabrication de soie, qui parvenait en Europe par la route de la soie. Le début de la fabrication de la soie en France se situe aux alentours du 18ème siècle.
Plantés en abondance en France et surtout dans le Languedoc, les mûriers se multiplient dans l’Uzège. Les plantations appartenant pour la plupart à des propriétaires aisés, qui confient le travail à des agriculteurs. La récolte des feuilles de mûrier était une activité très intéressante financièrement pour les paysans de l’époque. Un témoignage de cette période se retrouve au Musée Georges Borias avec le Tableau de José Belon «Les Magnanarelles» (1886). Se trouve également dans ce musée, une machine à tricoter les bas de soie.
Les filatures de soie à Uzès et à Lussan
La seconde étape de production des textiles est la filature. Cela consiste à dévider le cocon dans le but d’en tirer le fil de soie. Pour cela, il faut plonger les cocons dans un bain d’eau bouillante afin d’en dégager les fils qui seront ensuite attachés au métier à filer.
Au 16ème siècle, face à une importante demande de fil de soie et une faible production de cocons, certains paysans vendaient ces derniers aux filatures afin de gagner de l’argent.
Au milieu du 19ème siècle, Uzès était une référence dans l’industrie de la soie. La ville comptait 6 filatures de soie et Lussan en comptait 3. A Uzès, celles-ci se trouvaient le long de la rivière. En effet, elles avaient besoin du courant de l’eau pour actionner les mécanismes et fonctionner.
La main d’œuvre au sein de ces filatures était exclusivement féminine. Cela s’explique en partie par leur faible coût de travail et de leur délicatesse. Celles-ci étaient, dans la majorité des cas, des paysannes des territoires alentours.
Ces petites mains travaillaient du matin au soir dans l’eau bouillante. Leur travail consistait à récupérer les fils pour les réunir afin de les faire s’enrouler sur les asples. Ces derniers sont des dévidoirs servant à tirer la soie de ces cocons. La pénibilité de ces métiers était accablante… En effet, les femmes devaient être minutieuses et disciplinées. Elles étaient debout à longueur de journée et n’avaient pas le droit de parler hormis la possibilité de chanter. L’odeur qui se dégageait de ces filatures, due à la décomposition de la cristalline, était également dure à supporter.
Les filatures employaient également des hommes, afin de réaliser les travaux physiques, notamment l’alimentation des chaudières. Parfois des enfants étaient également présents afin de s’occuper d’amener les cocons aux nombreuses fileuses.
Les moulins de la Vallée de l’Eure
L’étape du moulinage a pour objectif de tordre le fil sur lui-même. Le but de cette étape étant d’augmenter la résistance et d’en changer l’aspect.
La visite s’est donc poursuivie dans la vallée de l’Eure. Ce lieu, témoin de ce passé lié au textile, comptabilise de nombreux vestiges des moulins drapiers et de plantes textiles et tinctoriales.
En effet, la Vallée de l’Eure comptabilisait à l’époque jusqu’à 28 moulins. Parmi eux, l’emblématique moulin de la filature Roussel. Ce moulin était auparavant dédié aux filatures. Il est devenu par la suite une usine d’extraits de sucs de réglisse, qui est également un emblème de la destination !
Les tissages emblématiques d’Uzès
La dernière étape de fabrication de la soie, est celle du tissage, qui consiste à élaborer les étoffes.
Uzès a fait fortune dans l’industrie de la soie notamment, grâce à la conception de bas de soie. Les cocons de grande qualité étaient de premier choix et étaient donc destinés aux grands centres de production. Les cocons de second choix étaient quant à eux destinés à la production de chaussettes, de bas… Qui étaient pourtant essentiel, pour les hommes et les femmes de l’époque.
Uzès fut également réputée pour ses productions de draps de laine.
Ces deux productions phares ont fait de la ville une référence dans le monde du textile à cette époque. Avant la guerre catholique / protestante, la ville d’Uzès comptabilisait 75% de ses métiers en lien avec le textile.
Le déclin de l’industrie textile
Au 19ème siècle, il y eu un retour de l’avènement des paires de bas, devenues plus rentables. Cependant, les métiers liés à la conception de ces produits, étaient mal payés.
La maladie du ver à soie et la concurrence avec l’ouverture du canal de Suez, ont entraîné une baisse de la production de soie. Celle-ci a nettement décliné à Uzès et plus globalement en France. L’importation des vers à soie était devenue nettement moins chère depuis la Chine. Par la suite, celle-ci a également été réduite en raison de la création de fibre artificielle comme le nylon.
Suite à ces événements, les filatures d’Uzès ce sont vues dans l’obligation de cesser leur activité. Cela a notamment, durement impacté les paysans qui faisaient de l’élevage de vers à soie. La fabrication de ces bas a pris fin après 1860.
L’industrie de la soie à Uzès, a donc petit à petit disparu, suite à l’arrêt de la fabrication de cas .
La production de textile a donc été une activité incontournable de la destination. Celle-ci a eu un impact déterminant sur le patrimoine à la fois culturel et architectural de la région. La ville d’Uzès, replonge dans ce passé, en célébrant la journée de la laine et de la soie. Cet événement a pour but de mettre à l’honneur des artisans venant de diverses régions. A cette occasion ont lieux de nombreuses animations : des expositions de productions réalisées avec passion et simplicité, ventes de vêtements tissés, d’articles en soie teintée ou bien peinte…
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